Recension de livre – L’Eglise et la guerre

Recension du livre: Joseph JOBLIN, L’Eglise et la guerre, Desclée de Brouwer, Paris, 1988, 346 p.

 

Selis Claude

Joseph JOBLIN, L’Eglise et la guerre, Desclée de Brouwer, Paris, 1988, 346 p.

L’auteur, jésuite, a été professeur à la Faculté des Sciences sociales de l’Université pontificale Grégorienne et, de 1956 à 1981, fut chargé de responsabilités spéciales auprès du directeur général du Bureau International du Travail. Sa sensibilité et sa compétence en philosophie sociale transparaît à l’une ou l’autre occasion dans son livre mais celui-ci est bien un ouvrage de philosophie politique ou, plus exactement, un historique de la doctrine sur la guerre d’un point de vue ecclésiastique.
Le point de vue « clérical » est manifeste dans l’organisation même de l’ouvrage (I. La conscience religieuse comme principe d’organisation sociale; II.La conscience religieuse comme facteur de paix; III. La Laïcisation de la conscience religieuse; IV. Le retour à la conscience religieuse). Il est omniprésent dans les jugements sur les autres doctrines et dans les autojustifications doctrinales catholiques et particulièrement des papes et du Saint Siège.
Il n’empêche que le parcours historique proposé par l’auteur est du premier intérêt: il est très bien documenté; les points de vue exprimés ne manquent pas de personnalité ni d’originalité; ils vont parfois très loin dans le détail. Ainsi, il ne m’avait jamais été donné par mes lectures précédentes de distinguer une « phase polonaise » (pp.113-115) à propos de la théorie de la guerre juste. L’ouvrage peut servir de véritable introduction à la doctrine de la guerre et de la paix dans l’Eglise.
L’auteur se prononce bien sûr en faveur d’une théologie de la paix (dans la plus pure tradition de l’augustinisme politique et de la doctrine thomiste et scolastique de la guerre juste) mais il s’en prend violemment aux mouvements pacifistes dont il démonte l’histoire et dénonce la collusion (depuis 1948) avec le pouvoir soviétique et l’idéologie communiste.
A la limite (et j’avoue que je caricature un peu), la thèse centrale du livre est de montrer:
1. que l’Eglise (catholique) a toujours eu raison doctrinalement
2. qu’il aurait suffit que le monde suive la doctrine catholique sur la guerre et la paix pour éviter les guerres injustes ou les injustices dans les guerres et renforcer l’idéal augustinien de la paix par la justice. Le problème, pourrait-on ojecter à Joblin, est que l’Eglise elle-même ne s’en est pas tenue à sa doctrine… De plus, il faut être bien aveugle ou naïf pour lire le 20°s. comme un « retour à la conscience religieuse » (= suivre l’enseignement des papes) en ce qui concerne les doctrines politiques!

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