Les saints militaires: Les vitraux de la chapelle de l’Ecole Royale Militaire

La vie des saint qui se trouvent sur les vitraux de la chapelle de l’Ecole Royale Militaire (Bruxelles).

 

Selis Claude

Comme l’ensemble du bâtiment d’honneur, la chapelle date de 1908 et est l’œuvre de l’architecte Maquet. Celui-ci travailla selon les directives du roi Léopold II. La chapelle offre ainsi un des rares exemples en Belgique d’architecture religieuse en style néo-classique. Plus rare encore, le fait d’être pourvue d’une galerie (suivant le modèle de certaines chapelles de château en France, Fontainebleau par exemple).
Les vitraux représentent des saints militaires ou patrons traditionnels de différentes armes. Ils sont l’œuvre de Spreters et datent de la construction de la chapelle.

SAINT GEORGES
Il s’agirait d’un militaire de l’armée romaine, vivant au 4° siècle, peut-être originaire de Cappadoce (centre de la Turquie actuelle) et ayant été stationné à Lydda (l’actuelle Lod en Israël). Il serait mort martyr pour sa foi lors d’une des dernières vagues de persécutions anti-chrétiennes dans l’Empire romain.
Lors des Croisades, les Croisés l’adoptèrent comme modèle de chevalerie. Richard Cœur de Lion (ayant stationné à Lydda en 1191) popularisa son culte en Angleterre à son retour. St Georges en devint le patron dès le 13° siècle.
La légende de  » St Georges tuant le dragon » (thème du vitrail) ne date que du 11° siècle et a été ajoutée au récit, plus ancien, de son martyr. Il s’agit d’un thème classique de la mythologie religieuse appliqué à bien d’autres personnages.
St Georges est, par extension des cavaliers en armure, le patron de la Cavalerie et des Blindés. Il est fêté le 23 avril.

JEANNE D’ARC (1412-1431)
La  » Pucelle », petite paysanne originaire de Domrémy (Est de la France), aurait  » entendu des voix » (de St Michel, St Marguerite et St Catherine) dès l’âge de 13 ans, lui confiant la mission de  » mettre les Anglais dehors et de sacrer le dauphin Charles VII roi de France à Reims » , dans le contexte de la guerre dite de  » Cent Ans » (entre la France et l’Angleterre) et à un moment où la France était très affaiblie. Contre toute attente, son enthousiasme et sa détermination permirent aux Français de reprendre Orléans et Reims. Mais, en route vers Paris, elle fut trahie par les Bourguignons (pro-Anglais) à Compiègne. Les Anglais s’arrangèrent pour la faire condamner par un tribunal écclésiastique. Elle fut brûlée vive par les Français eux-mêmes. Elle fut réhabilité en 1456 et canonisée en 1920. Elle devint la patronne de la France et est fêtée le 11 mai.
Le vitrail la représente en habit militaire, tenant sa fameuse épée  » de Fierbois ». Le lys de France était l’emblême de la monarchie capétienne que défendait Jeanne. Le décor architectural en arrière-fond représente sans doute Orléans.

CHARLEMAGNE (742-814)
Au départ simple roi des Francs, ayant vaincu les Saxons et les Lombards, il réussit à unifier l’Europe en un Empire sur le modèle de l’ancien Empire romain. Sauf sur ses frontières, cet Empire connut la paix et la prospérité. Charlemagne se fit le défenseur du pape et de la religion chrétienne car il était convaincu qu’il fallait donner une unité idéologique à l’Empire.
Sur le vitrail, il est représenté avec couronne, sceptre et globe terrestre dans la main, à l’image du Christ-Roi.

SAINT MICHEL
L’archange Michel est le  » grand Prince de l’armée des anges » selon les traditions juive et chrétienne. Il est cité dans l’Ancien Testament (Dan.10,13.21 ; 12,1) et dans le Nouveau (Apocalypse 12,7 et épître de Jude 9). Michel y livre le combat final contre Satan. Il est vénéré comme  » saint » depuis le 4° siècle en Orient. Son culte connut un essor important en Occident dans le contexte des Croisades. Avant de partir, les Croisés se rendaient à l’un des haut-lieux de son culte (le Mont-St-Michel en France). Il joua également un rôle important lors de la Guerre de Cent Ans (voir Jeanne d’Arc). Charles VII en fit à cette époque le patron de la France. Il est fêté le 29 septembre (avec Raphaël et Gabriel). Il est le patron des Paras et de la police militaire.
Le vitrail le représente terrassant le démon (selon Apoc. 12, 7-9). Celui-ci a en partie forme humaine (alors que le dragon terrassé par St Georges est de forme animale).

SAINT MARTIN (316-397)
Originaire de Pannonie (Hongrie actuelle), il découvrit la foi alors qu’il était en service militaire (de ses 15 à ses 25 ans) dans l’armée romaine. C’est de cette époque que date la scène du partage du manteau (thème du vitrail). Il était alors caserné à Amiens. A la fin de son service, il se mit au service de l’évêque Hilaire de Poitiers pour aider les pauvres et évangéliser les campagnes. Il devint évêque de Tours en 371 mais ne changea rien à son style de vie. Il fut un conseiller écouté des empereurs romains Valentinien et Maxence, installés à Trêves. Il fut patron des monarchies royales de France depuis les rois Francs jusqu’aux Capétiens. Il est fêté le 11 novembre, jour de sa mort.

SAINT LOUIS (1214-1270)
Louis IX, roi de France, continuateur de la dynastie capétienne, fut sacré à Reims en 1226. Il a laissé une image très forte de roi juste, protégeant les petits et les faibles contre les seigneurs féodaux. Il fut un grand organisateur, étandant systématiquement l’autorité de l’Etat. Suite à une maladie grave en 1244, il fit vœu de partir en Croisade. Il connut un premier succès (à Damiette en Egypte en 1248) mais fut bientôt fait prisonnier. Libéré contre rançon, il resta quelques temps encore en Terre Sainte et y consolida certaines implantations croisées (Acre, Césarée, Jaffa, Sidon). Il voulut y retourner encore mais mourut en chemin (à Tunis). Modèle de piété et de justice, il fut canonisé en 1297 et devint patron de la France et des Français à l’étranger. Il est fêté le 25 août.
Le vitrail le représente avec les attributs royaux (couronne et sceptre). Les lys de France sur la courtine rappelle la dynastie capétienne. Sur le coussin, Louis porte la couronne d’épine du Christ, symbolisant son attachement à délivrer le tombeau du Christ.

SAINTE BARBE
Noble jeune chrétienne du 4° siècle. Son père l’enferma dans une tour (thème du vitrail) pour lui faire renoncer à sa foi. Devant sa résistance, y compris à diverses tentations et promesses, son père la décapita. De ce fait, elle fut invoquer en Occident contre la mort subite. La foudre (et plus tard la poudre à canon ou le grisou) étant une cause de mort subite, Sainte Barbe devint la patronne des artificiers, artilleurs, canonnier et mineurs de fond. Elle est fêtée le 4 décembre.
Le vitrail représente la jeune fille avec la tour dans laquelle elle fut enfermée et avec la palme de la foi dans l’autre main.

SAINT MAURICE
Officier supérieur dans l’armée romaine de la  » légion thébaine » au 3° siècle. Cette légion égyptienne fut envoyé en Suisse (dans le Valais) pour mater une révolte locale. Malgré les services rendus, l’empereur le fit décapiter ainsi que toute sa légion parce qu’il aurait refusé de rendre le culte à l’empereur. A cette époque, le christianisme était encore considéré comme une religion suspecte (ce n’était plus le cas à l’époque de St Martin). Son culte se répandit de manière très large (en Suisse, en Allemagne, au Luxembourg,…) à partir du 5 ° siècle. Souverains burgondes, mérovingiens, carolingiens, saxons s’en emparèrent, y trouvant une filiation chrétienne avec l’empire romain. Il est fêté le 22 septembre.
Le vitrail le représente blanc de peau (alors que, Thébain, il devait être presque noir de peau !), portant une cuirasse avec une croix (ce qui n’était évidemment pas le cas à cette époque), sans arme, sans casque, portant la palme de la foi dans une main. En arrière-fond, le profil d’une ville romaine.

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