Il est des périodes de l’année où les commémorations rassemblent nombre d’anciens pour rappeler le souvenir de ceux qui ont offert leur vie. C’est souvent l’occasion de redécouvrir la richesse de la diversité humaine
105/2007
En ces jours de mai, nombreux sont ceux qui veulent commémorer ce D-day, jour de liberté. C’est tout naturellement en pensant à tous ces militaires reposant dans les nombreux cimetières de nos contrées que je pense. Devant tous ces hommes qui ont donné leur vie, voilà plus de 60 ans, mon esprit vient à la rencontre de tant de souffrances offertes.
C’est donc avec un grand respect que je souhaite évoquer ces moments tragiques qui se sont heureusement soldés par la victoire de la liberté contre l’oppression.
Je voudrais tout d’abord souligner combien tous ces soldats étaient différents. Ils étaient de toute origine des Etats-Unis d’Amérique, français, britanniques, belges, et tant d’autres. Il y avait également quantité de personnes civiles qui travaillaient dans l’ombre, et je pense au dévouement de la résistance ainsi qu’aux familles qui accueillaient et soutenaient ceux qu’elles considéraient comme leurs libérateurs.
Tous ces hommes et femmes étaient également différents dans leur culture, leur vie religieuse, leur incroyance pour certains, dans leur situation sociale aisée ou non,…
Peu importe, pour venir jusqu’ici on ne leur a pas posé de question. On leur a simplement demandé d’avoir du courage et de défendre la valeur » liberté ». Et ils sont allés au front jusqu’au don de leur sang.
Pour moi, croyant, j’y vois vraiment le signe d’une humanité qui voulait se construire. Une entraide dans les moments difficiles et conflictuels de nos sociétés lorsque les antagonismes sont trop forts et que les valeurs fondatrices de la vie humaine sont en danger. Toute son existence, Jésus a annoncé une belle espérance : celle d’un monde réconcilié, à construire et à consolider. Il ne l’a pas seulement annoncé. Dans son comportement, ses actes et ses paroles, il a voulu déjà le faire émerger en réalisant lui-même sa part.
Lorsque des hommes de toutes nations, langues, culture, foi se dressent ensemble pour la dignité de l’homme, ils font honneur à leur humanité. Dieu ne peut que s’en réjouir.
Ces hommes qui reposent ici, nous ont montré un chemin : celui du don de soi, de la force et du courage pour construire un monde où il y a de la place pour chacun. C’est aussi une des dimensions portées par la Bible.
Surtout, ils ont fait fi de leur différence pour marcher vers un même objectif et, en cela, ils ont fait de la variété de leurs personnes une source de richesse et de force. A nous aujourd’hui de savoir tirer profit des leçons de l’histoire : Ensemble nous pouvons réaliser de grands projets.
Ensuite, je voudrais souligner toute l’importance de nous accepter les uns les autres tels que nous sommes sans avoir besoin de recourir à l’exclusion de l’autre.
Les origines, les croyances ou la non-foi, les philosophies de vie, les langues maternelles peuvent être diverses. Si notre action commune a pour objectif de construire un monde toujours plus humain alors l’humanité ne peut que se réjouir. Pourquoi ne pas marcher ensemble dans toutes les activités qui veulent promouvoir l’humanité ? Notre grandeur sera reconnue au respect mutuel que chacun se portera.
Et pour le croyant que je suis, je puis affirmer que cela honore également Dieu. Autre leçon de l’histoire : nos différences doivent passer d’une considération conflictuelle à celle d’une source de richesses et de complémentarités.
Dans les combats endurés, ces soldats ont vécu dans la même boue, ils ont mangé la même nourriture, ils ont connu la peur, ils ont partagé leur paquet de cigarettes. Nous devons faire mémoire de ce vivre ensemble, cette richesse humaine et de ce don de soi dont ils ont fait preuve. Et c’est aussi cela qui nous a offert la victoire. Une victoire pour un plus d’humanité.
Jésus disait : » Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. » Il y a donc un parfum d’Evangile.
En ces jours de commémoration, ma pensée va à tous ces hommes de valeur dont la vie s’est éteinte pour que celle d’autres continue à luire dans ce monde. Je tiens également à évoquer toutes les victimes de cette guerre, à ceux qui ont pu rentrer chez eux mais qui ont été marqué pour toujours par ces épreuves, mais aussi toutes ces personnes que les alliés ont libérées des camps, les résistants, les habitants de nos contrées qui ont subi cette violence.
Puisse Dieu accueillir tous ceux qui ont perdu la vie dans les combats de nos régions. Grâce à eux nous pouvons nous réjouir aujourd’hui de cette liberté retrouvée.
Qu’ils soient dans la paix éternelle. Ils ont voulu offrir leur vie comme prix de cette liberté à laquelle ils croyaient. C’est un beau et grand cadeau qu’ils nous ont fait. Cependant, ce qu’ils nous lèguent est plus vaste encore. Il y a toutes ces leçons du passé qui peuvent inspirer nos propres existences aujourd’hui. Merci à eux.