Eloi, l’élu de décembre

Bon nombre d’unités célèbrent chaque année leurs saints patrons. Manière sans doute de poursuivre la grande tradition du lien entre le travail, la vie et un modèle de la foi chrétienne. En cette période de saint Eloi, nous sommes rappelés à la nécessaire chaleur des relations tant avec ceux qui nous entourent qu’avec Celui qui habite ce saint, ami des orfèvres, forgerons, mineurs, serruriers, monnayeurs, fermiers, et travailleurs du métal.

 

Chaboteau Dominique

107/2007

Quoi de plus agréable qu’un bon feu de bois dans la cheminée par une journée de froid quand la neige veut faire son apparition. Que de bonheur quand le feu éclaire toute une maisonnée où se retrouve les membres de la famille. Quelle joie de partager un bon repas ensemble où le rôti a été si bien cuit grâce au feu de la cuisinière…

Depuis le début de l’humanité, la course à la conservation du feu et à son utilisation s’est développée. Alors, quand aujourd’hui nous célébrons les saints patrons de nos métiers, il nous est agréable de nous souvenir de ce lien entre le feu de notre travail et le feu de leur histoire.

Eloi, l’artisan, était si bon utilisateur du feu qu’il frappait monnaie pour le roi et s’en servait en tant qu’ orfèvre pour réaliser de véritables bijoux de ses mains. Mais son cœur habité par le feu de l’amour de Dieu l’a entraîné sur un vrai chemin de savoir-faire conjugué d’une bonne dose d’humilité, d’honnêteté et d’amitié. Un savoir-être. La tradition dit de lui qu’il se prosternait chaque soir ces paroles aux lèvres :  » Souvenez-vous Seigneur, que ma vie n’est qu’un souffle et un peu de vent. »

En célébrant dans tant d’endroits, et souvent des ateliers dans les casernes, il me semble bien reconnaître la fête de tous ces travailleurs. La raison en est qu’ils sont aussi quelque part manipulateurs de ce feu si utile à nos vies, chez soi, mais aussi dans le cadre de leur travail. Pas question d’avoir un léopard, un aifv, un man ou une cible automatisée sans quelqu’un qui n’ai jonglé avec le feu pour maîtriser la flamme qui moulera, qui pliera la tôle, qui purifiera le minerai, qui permettra en fin de compte de mettre de la technologie dans l’objet à utiliser par nos soldats. Pas question non plus de se passer du feu pour réaliser des tirs, la poudre, ou détruire des stocks de munitions dangereuses.

Mais plus encore, il y a ce feu intérieur. Un feu de la passion du travail. C’est vrai qu’il y a des périodes où il faut se remotiver. Mais quand on aime un travail de qualité qui exprime que nous avons du talent, cela encourage. En plus de cela, lorsque chacun fait tout pour vouloir s’activer dans des conditions de travail où les relations sont fraternelles et pas seulement parce qu’il faut bien, c’est encourageant. Quand on sait également que le boulot va contribuer à la sécurité des utilisateurs du véhicule, de la munition, … on peut également trouver de la satisfaction.
Oui, il y a moyen de trouver tout le bonheur du monde dans notre vie en ouvrant les yeux sur ce qui nous entoure et surtout sur ceux qui nous entourent. Y compris dans nos ateliers.
Oui, il y a de la joie quand chacun met du sien pour que tout le monde trouve sa place, quand on se transmet le savoir, le savoir-faire, et surtout le savoir-être. Saurons-nous transmettre ce feu? Cette fierté d’une mission bien accomplie? Ce contentement d’avoir construit sa vie, son cœur?

Que Saint Eloi aide les uns et les autres à s’apprécier mutuellement, et à réaliser chaque travail dans le courage, la bonne humeur, et l’efficacité.
Avec cette fête, nous pourrons nous souvenir toute l’année lorsqu’un boulot nous sera demandé que dans notre oreille il y a toujours cette petite musique militaire qui nous dira :  » usez de votre feu intérieur ! ».

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