Violence, guerre et paix dans la Bible – Nombres

Violence, guerre et paix dans la Bible – Une analyse des textes de Nombres

 

Selis Claude

Présentation générale

Pour entrer dans le livre des Nombres

Ce quatrième livre de la Torah doit son titre, dans la tradition latine ou grecque, au fait qu’il débute par un recensement solennel du peuple hébreu après sa sortie d’Egypte et qu’il comporte divers autres recensements et quantification des offrandes. Mais son titre dans la tradition hébraïque « beMidbar » (dans le désert) en donne mieux l’unité de lieu et d’action: les étapes du peuple hébreu au désert depuis sa sortie d’Egypte jusqu’au seuil de la Terre Promise.

Il est constitué d’un enchevêtrement de parties narratives, législatives, administratives et cultuelles propre à décourager une lecture suivie. Pourtant le livret est construit selon une vision très structurée qui se veut unificatrice du peuple hébreu, en marche, au désert. Dans son état final de rédaction, il relève de la tradition sacerdotale (post-exilique, époque perse) et est marquée de l’empreinte d’un auteur particulier. Celui-ci a utilisé et retravaillé des matériaux yahvistes et élohistes et même certaines traditions tout à fait archaïques, pré-monarchiques, pouvant dater de l’époque des Juges, sinon de l’époque même du désert. Par contre, il est assez étranger au courant deutéronomiste.

Dans les parties narratives du livret, la violence est très marquée puisque l’approche de la Terre Promise est présentée comme une suite d’affrontements contre des ennemis. On sera très à l’aise avec une lecture spirituelle de cette « lutte ». Vu le décalage chronologique (plus de 800 ans entre les événements et leur reprise narrative), la situation politique d’Israël au moment de la rédaction (soumis à la Perse, territoire infime, aucune capacité combattante) et le souci purement ritualiste et spirituel du courant sacerdotal, cette lecture est sans doute la bonne.
Se pose alors la question: est-il vraiment nécessaire de passer par ce vocabulaire et ces représentations violentes, surtout si proches de la vraisemblance, pour parler de lutte spirituelle ?

· Textes étudiés

Violence, guerre et paix dans la Bible – Nombres

Textes étudiés :
(déroulez ou cliquez sur le texte choisi)

1. Nombres 1-10: Un peuple comme une armée
2. Nombres 13 – 14: Terre Promise ou à conquérir?
3. Nombres 20,14-21: Israël face à Edom: l’évitement
4. Nombres 21,1-3: Israël face à Arad : le  » herem »
5. Nombres 21,21-35: Israël face aux Amorites
6. Nombres 22 – 24: Israël face à Moab: Balaam, prophète?
7. Nombres 25: Israël succombant à l’idolâtrie: colère de Yahvé
8. Nombres 31: Israël face à Madian : la vengeance sacrée
9. Nombres 32: Effort de guerre imposé à tous
10. Nombres 33,50-56: Israël appelé à prendre possession de la terre
11. Nombres 35,9-34: Les villes refuges et la vengeance du sang

Encarts documentaires:
1. Violences, guerre et paix à l’époque du désert

NOMBRES 1-10:
UN PEUPLE COMME UNE ARMEE
EN ORDRE DE MARCHE

« Tous ceux de vingt ans et au-dessus, aptes à la guerre, vous les passerez en revue, par contingents »

L’ordre de recensement donné par Yahvé à Moïse la deuxième année après la sortie d’Egypte, dans le désert du Sinaï, à la veille de la mise en marche à travers le désert, concerne donc tous les mâles en Israël, âgés de vingt ans et plus, aptes à la guerre (1,2). La formule est répétée pour introduire son exécution (1,18), pour chacune des douze tribus (v. 21, 22, 24, 26, 28, 30, 32, 34, 36, 38, 40, 42) et encore en conclusion (v. 47). Elle le sera encore à la fin de cette pérégrination, à la veille de l’entrée en Terre Promise (26,1). Le comptage se veut précis, par tribu, par clan, par famille. Les totaux (plus de 600.000 au départ et à l’arrivée) sont invraisemblables pour le peuplement à l’époque et dans les conditions de nomades du désert mais ont certainement leur signification.
Le campement se veut également très ordonné, à la manière militaire: « Les Fils d’Israël camperont chacun à son corps de troupe,… près de son étendard, …par contingent ». La formule est à nouveau répétée une douzaine de fois tout au long du deuxième chapitre. Les douze tribus sont réparties en quatre groupes ( les « corps de troupe ») ayant chacun à sa tête une tribu principale et cantonnés selon les quatre points cardinaux. Au centre, se trouve la Tente de la Réunion, gardée par les Lévites (âgés de 30 à 50 ans, « aptes à la guerre »: 4,3).
Cet ordre de campement sera également l’ordre de marche, le camp de l’Est partant le premier (puis Sud, puis Centre, puis Ouest, puis Nord). Cet bel ordonnancement (encore repris en 10,11-28) est lui aussi tout à fait invraisemblable vu les moeurs guerrières totalement indisciplinées de l’époque mais correspond étrangement à l’ordonnancement … d’une procession liturgique de l’époque sacerdotale post-exilique!
Le rythme de la marche est déterminée par la Nuée: « Lorsque la Nuée s’élevait au-dessus de la Tente, alors les Fils d’Israël partaient; et au lieu où la Nuée s’arrêtait, là campaient les Fils d’Israël » (9, 17).
L’usage des trompettes (nombre de sonneries avec ou sans acclamation) est réglée comme un code militaire (rassemblement général ou uniquement des chefs, départ, mêlée) (10, 1-10) mais on sait qu’elles étaient également d’usage liturgique…

NOMBRES 13 – 14:
TERRE PROMISE OU A CONQUERIR ?

« Yahvé est avec nous »

Depuis le départ d’Egypte, il s’est passé quelques temps. En différentes étapes à travers le désert du Sinaï, le peuple (ou en tout cas certaines tribus) est maintenant parvenu au désert du Néguev, accès Sud à la « Terre Promise ». Douze éclaireurs (symbolisant a posteriori les 12 tribus) sont envoyés pour une authentique mission d’espionnage (« Voyez ce qu’est le pays … » 13,18-20), sans doute jusqu’à Hébron. De retour de mission, les envoyés confirment qu’il s’agit bien d’un « pays où coule le lait et le miel » mais estiment le pays imprenable (« Nous ne pouvons pas marcher contre ce peuple car il est plus fort que nous » 13,28-29 et 31-33). Ce n’est pas l’avis de l’un des explorateurs, Caleb, qui, au contraire, estime qu’ « il faut marcher et conquérir ce pays, nous en sommes capables » 13,30).
Le peuple prend le parti de la non-conquête, se met à murmurer contre Moïse (et Aaron) et à regretter d’être sorti d’Egypte. Moïse et Aaron sont stupéfaits de cette réaction et essaient de convaincre le peuple: « N’ayez pas peur, vous, du peuple de ce pays car nous n’en ferons qu’une bouchée…car Yahvé est avec nous » (14,9). Dieu lui-même, d’après le texte, en est offusqué et est prêt à se mettre en colère. Moïse intercède et Dieu adoucit la sanction prévue (d’envoyer la peste): ce ne sera pas cette génération qui verra la Terre Promise (« vos cadavres tomberont dans ce désert » 14,29) mais la suivante, exception faite de Caleb (et Josué) qui la verront en honneur à leur courage et à leur détermination.
La Terre Promise a donc bien l’air d’une terre à conquérir ! Nous sommes sans doute ici plus proche de la réalité historique que ne le fait penser le côté théologique du thème. Bien sûr, on pourra dire que l’appui divin à Caleb le conquérant et sa sanction contre le peuple (pacifiste ou poltron, c’est comme on voudra) ne vise pas le fait d’arme mais la détermination ou non à accomplir le plan divin. Il reste que l’image connotée positivement comme la réalisation de la volonté de Dieu est bien celle de la conquête par la force.
La péricope suivante (14,39-45) semble dire l’inverse, la phrase de raccord pouvant être purement artificielle et rédactionnelle. Moïse y avertit le peuple, ici déterminé au coup de force, de ne pas essayer: « Pourquoi transgressez- vous l’ordre de Yahvé ? Cela ne réussira pas…car Yahvé n’est pas avec vous » (14,41-43) . Est-ce l’écho d’une autre tradition, désavouant la conquête armée et simplement juxtaposée ici à la première par pur scrupule de conservation littéraire (procédé très habituel dans la littérature biblique) ?
« Yahvé est avec nous » (14,9) ; « Yahvé n’est pas avec vous » (14,42). Difficile d’être plus contradictoire et donc de justifier, à la carte, n’importe quel comportement. Quand on se rappelle l’usage qui a été fait du « Gott mit uns » (formule empruntée à ce texte), il est clair que l’exégèse pratique a été dans le sens de la justification théologique de la guerre de conquête. Il ne faut pas se le cacher !

NOMBRES 20, 14 – 21:
ISRAËL FACE À EDOM: L’ÉVITEMENT
« Edom ayant ainsi refusé à israël le passage sur son territoire, Israël s’en écarta »

Moïse envoya de Qadesh une ambassade au roi d’Edom pour lui demander très poliment un droit de passage sur son territoire: « Nous voudrions, s’il t’agrée, traverser ton pays. Nous n’irons pas à travers les champs ni les vignes; nous ne boirons pas l’eau des puits; nous suivrons la route royale sans nous écarter à droite ou à gauche… » (20,17). Edom refuse sèchement: « Tu ne passeras pas » et se fait menaçant: « sinon je marcherai en armes à ta rencontre » (v.18). Israël renouvelle son ambassade et précise: « si nous buvons de ton eau, nous en payerons le prix » (v. 19). Edom se montre intraitable: « Tu ne passeras pas » et met sa menace à exécution: « Edom marcha à sa renontre en grand nombre et en grande force » (v.20). Israël voudra éviter l’affrontement: « Edom ayant refusé à Israël le passage sur son territoire, Israël s’en écarta » (v.21) et s’obligera à un énorme détour.

Contrairement aux velléités de conquête exprimées dans l’épisode précédant (Nbr. 13-14), la première tentative d’Israël est donc toute diplomatique. Ce refus sera aussi sa première déception, surtout de la part d’un peuple frère puisque les Edomites, descendants d’Esaü suivant la généalogie biblique (Gn.36,1), étaient un peuple araméen comme lui. Ce ne sera que la première d’une longue série. Ceci rejoint sans doute l’expérience que bien des peuples ou des personnes vont faire: pacifiquement disposés au départ, ils vont se tourner vers la violence suite à des déceptions. C’est ici l’attitude d’Edom, du refus de la conciliation diplomatique, qui est coupable. Après l’hostilité du désert, c’est maintenant l’hostilité du milieu humain qu’Israël va rencontrer.

NOMBRES 21,1-3:
ISRAEL FACE A ARAD: LE ‘HEREM’

« Si tu me livres ce peuple, je le vouerai au ‘herem’

Le deuxième choc aura lieu avec le roi d’Arad, souverain d’une peuplade cananéenne (non-parente avec les Hébreux), nomadisant au Nord du désert du Néguev, entre Beersheba et la Mer Morte, à une trentaine de kilomètres au Sud d’Hébron. Israël n’a pas le temps d’envoyer une ambassade; ce roi attaque et fait des prisonniers parmi les Israélites. Israël, désemparé, s’en remet à Yahvé en lui faisant ce voeu: « Si tu livres ce peuple en mon pouvoir, je vouerai ses villes au « herem » ». Yahvé écoute l’appel de son peuple et lui livre les Cananéens. Israël accomplit son voeu en rayant de la carte cette peuplade et ses biens.

Le « herem » (que l’on a souvent traduit par « vouer à l’anathème ») consiste en effet à détruire complètement « l’offrande ». Appliqué à un peuple, il s’agit donc de tuer toute la population et de détruire ses villes, ses troupeaux, ses cultures et tous ses biens, sans rien garder pour soi. On s’interdit donc le pillage (pratique la plus courante et raison pricipale de toutes ces petites guerres) pour bien signifier que le conquête en question n’est pas intéressée mais est un acte religieux.

Dès cette seconde confrontation donc, la guerre de conquête de la Terre Promise prend une allure de « guerre sacrée » . Une « guerre profane » est une guerre que l’on mène en comptant sur ses propres forces, poursuivant un profit matériel et où l’on s’attribue à soi la victoire. Ce genre de guerres, même celles qui ont été des réussites historiquement parlant, sont toujours connotées négativement par les Ecritures, mettant bien en relief l’effet de « relecture théologique » omniprésent dans les Ecritures. Une « guerre sacrée » est une guerre où l’on s’en remet entièrement à Dieu, où l’on poursuit un but religieux et où la victoire est attribuée à Dieu. C’est typiquement le cas ici. Ce genre de guerres, même historiquement insignifiantes, sont toujours connotée positivement. Il est clair que le concept de « guerre sacrée » est bien présent dans les Ecritures.

NOMBRES 21,21-35
ISRAEL FACE AUX AMORITES: LE ‘LIVRE DES GUERRES DE YAHVE’

« Israël frappa du tranchant de l’épée
et conquit le pays »

Troisième étape, troisième obstacle. Israël envoie d’abord une ambassade au roi des Amorites (à la hauteur de la Mer Morte, côté Jordanie actuelle) pour demander l’autorisation de traverser le pays, dans les mêmes termes que l’ambassade à Edom: « Nous ne nous écarterons pas à travers les champs et les vignes; nous ne boirons pas l’eau des puits; nous suivrons la route royale, jusqu’à ce que nous ayons dépassé tes frontières » (v.22). Ce roi refuse, marche contre Israël et lui livre bataille. En réaction, « Israël le frappa du tranchant de l’épée et conquit son pays » (v.24) et s’y établit.
Le récit insère ici un poème épique, manifestement archaïque, sans doute extrait du « Livre des Guerres de Yahvé ». Ce livre, cité comme tel en 21,14 (qui en donne d’autres bribes de poèmes), est perdu mais il semble bien avoir existé. Il devait rassembler divers poèmes guerriers relatant les hauts-faits et citant les hauts-lieux de ce qui semble bien avoir été une conquête par les armes. Les tribus hébraïques se sont sans doute comportées comme toutes les autres et ont chanté leurs exploits comme toutes les autres, en empruntant d’ailleurs à la littérature épique ambiante locale.
Trace d’archaïsme ou d’une autre tradition, ce récit ne présente pas de « relecture théologique ». La victoire n’est pas attribuée à Yahvé; son aide n’est même pas implorée, nul remerciement. Aucune connotation religieuse.

Un petit récit suivant (v.33-35), provenant à nouveau d’une autre tradition, en total décalage géographique (puisqu’avec Bashan, on fait un bond jusqu’au Nord de la Jordanie actuelle, à la hauteur du lac de Gennésareth), ce bref récit renoue au contraire avec la relecture théologique: « Yahvé dit à Moïse: Ne le crains pas car je l’ai livré en ton pouvoir, lui, ses gens et son pays » (v.34). Le traitement prévu n’est pas des plus tendres: « Tu le traiteras comme tu as traité les Amorites ». Ainsi fut fait: « Ils (les Hébreux) le battirent, lui, ses fils et tous ses gens, sans que personne en réchappât » (v.35). Cruauté réelle ou cruauté toute littéraire? Même si elle n’était que littéraire, ce ne serait pas un témoignage promouvant des sentiments de douceur ni de miséricorde!

NOMBRES 22-24
ISRAEL FACE A MOAB: BALAAM, PROPHETE?

« Un astre issu de Jacob devient chef, un sceptre se lève, issu d’Israël »

Effrayé par le sort fait aux Amorites, Balaq, roi de Moab, fait mander Balaam, un devin de renom, afin de maudire Israël et de mettre ainsi les dieux de son côté dans son entreprise guerrière. Tout païen qu’il soit, Balaam est avisé par Yahvé de ne pas suivre les envoyés de Balaq, pourtant venus avec les honoraires pour le service du devin. Balaq ne se décourage pas devant ce premier refus et envoie une deuxième ambassade, plus prestigieuse et avec des promesses de récompense encore plus grande. Balaam consulte à nouveau Yahvé qui, cette fois, le laisse partir avec la réserve de ne faire que ce que Yahvé lui dictera.
Prends place ici l’épisode de l’ânesse qui pourrait bien être un épisode (presqu’une fable humoristique) relevant d’une autre tradition (moqueuse à l’égard de Balaam). En effet, Dieu est ici censé être opposé au départ de Balaam. Pour le lui faire comprendre, Dieu met par trois fois des obstacles sur sa route. Balaam ne comprends pas mais son ânesse bien. Voilà le grand devin renommé moins perspicace que sa monture ! En lui rappelant de ne rien dire d’autre que ce qui lui sera inspiré, Yahvé permet à Balaam de continuer son chemin.
Balaam et Balaq sont mis en présence. Balaq fait monter le devin sur une colline pour voir « l’extrémité du camp » (des Hébreux) à partir d’où il pourrait proférer sa malédiction. Balaam fait organiser un sompteueux sacrifice (à sept autels) et finit par prononcer un oracle (23,7-10). Mais celui-ci ne maudit pas Israël. Au contraire, il le révèle comme Peuple Elu: « Voici un peuple qui habite à part; il n’est pas rangé parmi les Nations ». Balaq est furieux que le devin dise autre chose que ce pourquoi il l’avait fait venir. Au contraire sans doute des coutumes de l’époque, Balaam se révèle donc un devin indépendant et honnête.
Balaq ne se décourage pas pour autant. Il fait monter Balaam sur une colline plus haute afin de voir cette fois le peuple hébreu tout entier d’un seul regard. Le même sacrifice est organisé mais l’oracle (23,18-24) est pour le coup franchement favorable à Israël: « Yahvé son Dieu est avec lui… Ce peuple se dresse comme une lionne; il surgit comme un lion; il ne se couche pas qu’il n’ait dévoré sa proie et bu le sang de ceux qu’il a tué ».
Balaq tout contrarié ne se décourage pas encore et emmène Balaam au sommet de cette colline, donnant vue sur tout le désert (de Juda). Le même sacrifice est encore réitéré. « Levant les yeux » (dans un geste tout liturgique et tel un Moïse), « Balaam vit Israël campé par tribus » (d’une ordonnance litrugico-militaire) et prononce un troisième oracle prédisant la suprématie d’Israël: « Que tes tentes sont belles, Jacob …Un héros grandit dans sa descendance; il domine sur des peuples nombreux … Il dévore le cadavre de ses adversaires; il leur brise les os. ».

Balaq se met en colère et renvoie Balaam sans les honoraires ni les honneurs promis. Balaam reste inébranlable. C’est lui qui « offre » à Balaq, cette fois sans mise en scène magico-sacrificielle, un dernier oracle (24,13-24): « Je le vois mais non pour maintenant; je l’aperçois mais non de près: un astre issu de Jacob devient chef; un sceptre se lève, issu d’Israël ». L’oracle s’étend même en malédictions contre Moab et tous les ennemis d’Israël. L’issue de ce long récit est d’un irénisme déconcertant: « Balaam se leva, partit et retourna chez lui. Balaq lui aussi passa son chemin » (v.25).

Au fil de ces oracles, on voit Israël d’abord simplement « élu », puis vainqueur, finalement dominant et invincible. Vision idyllique (elle n’a jamais correspondu à la réalité), vision « liturgique » d’un peuple bien ordonné (24,2), « théologique » d’un peuple vivant comme dans un Paradis terrestre (« …comme des jardins au bord d’un fleuve » 24,6), eschatologique (« je le vois mais non pour maintenant; je l’aperçois mais non de près » 24,17) confirmant le caractère non-réel mais idéal de la « vision ». Même si elle est exprimée en des termes très belliqueux et même cruels, la suprématie d’Israël semble bien être d’ordre religieux et être un discours ad intra. Il est très remarquable en effet qu’à l’inverse de récits précédents ce long épisode ne connaît aucun fait d’arme réel mais seulement des paroles qui finalement désamorçent la velléité de conflit du départ (puisque, finalement, « Balaq passa son chemin »).
Plus encore, la portée de ce texte pourrait bien être tout à fait étrangère à tout plan de conquête. Il serait plutôt une leçon circonstanciée sur le prophétisme: sur le passage de la divination païenne à l’authentique prophétisme biblique, sur la capacité d’un non-Israélite à être prophète pour Israël (ou sur la reconnaissance de la vocation d’Israël par un non-Israélite …), sur les conditions d’intégrité du prophète (sa non-vénalité) et de sa docilité à Dieu (« révéler ce que Dieu dit et rien d’autre », le récit y insiste à 11 reprises), sur le caractère religieux et non mondain du prophétisme.

NOMBRES 25
ISRAEL SUCCOMBANT A L’IDOLATRIE: COLERE DE YAHVE

« Empale-les à la face du soleil, pour Yahvé »

Israël est à présent au seuil de la Terre Promise, dans une région face à Jéricho. Sans doute, s’y intalle-t-il. Sans doute, le processus d’assimilation fait-il son oeuvre. En tout cas, le peuple hébreu (les tribus concernées) se laisse aller à la débauche avec « les filles de Moab », retourne à l’idôlatrie en acceptant de se prosterner devant « le Baal de Péor ». Toutes ces valeureuses conquêtes n’auraient-elles servi à rien ? La colère de Yahvé s’enflamme. Il ordonne à Moïse de faire empaler les coupables (v.1 à 5).
La cruauté du châtiment, même si elle n’est que « littéraire », a de quoi effrayer. Elle correspond peut-être aux moeurs de l’époque: sauvages dans leur expression, sauvages dans leur répression. Cette violence-ci est interne au peuple hébreu. Elle témoigne du fait que l’assimilation et l’idolâtrie apparaissent comme des problèmes majeurs au rédacteur religieux de ce livret. Les considérations politico-militaires sont bien loin.
Ce premier récit qui met en cause des Moabites est suivi d’un second (v.6-9), relevant d’une autre tradition, mettant en cause un notable hébreu et une notable madianite, personnalisé quelques versets plus loin (v.14-15), s’adonnant à la prostitution sacrée dans la Tente de la Réunion, lieu sacré des Hébreux en campement. Sans attendre l’ordre divin, un des prêtres prend l’initiative de leur ficher un pieu dans le bas ventre, les transperçant tous les deux dans leur étreinte même.
Ce récit est lui-même suivi d’une scène (v.10 à 13), sans doute surajoutée, d’intronisation (d' »alliance de paix » !) de ce prêtre (Pinhas, fils d’Eléazar, fils d’Aaron) et de sa descendance dans la fonction sacerdotale, « en récompense pour sa jalousie pour son Dieu ». Le sacerdoce serait-il fondé sur la violence-pour-Dieu ? Le monothéisme, manifestement difficile à faire respecter, doit-il vraiment passer par une telle violence ? On devine aussi derrière ces versets des luttes internes entre castes sacerdotales, la lignée d’Aaron voulant ici se donner ses lettres de noblesse(!).
Les versets qui suivent et terminent le chapitre (v.14-15) sont une invitation à poursuivre et à frapper les Madianites, peut-être pur raccord littéraire, annonçant le chapitre 31.

NOMBRES 31
ISRAEL FACE A MADIAN: LA VENGEANCE SACREE

 » Accomplis la vengeance des enfants d’israël sur les Madianites »

Ce chapitre sur la guerre contre Madian fait en quelque sorte suite au chapitre 25 qui se concluait par cette menace. Entre les deux ont pris place de longs chapitres sur les sacrifices et les voeux, textes liturgiques et législatifs totalement étrangers à la trame du récit.
Le substrat historique de cet épisode est plutôt à chercher du côté des guerres menées contre les Madianites à l’époque des Juges (avant la royauté) (Juges 6,1-6; 7 et 8) à un moment où Israël était déjà implanté en Terre Promise et où il devait mener des ripostes contre les incessantes incursions et pillages perpétrés par ces turbulantes tribus nomades du désert d’Arabie.
La campagne décrite ici est, autant le dire tout de suite, purement imaginaire. L’auteur (qui rédige vers la fin du – 4°s.) anticipe en fait à l’époque de Moïse (- 12°s.) des événements plus récents (de – 10°s.). Le texte relève, en effet, des traditions sacerdotales les plus récentes. Les préoccupations sacerdotales y sont prédominantes (souci des comptages précis, du bon ordre, des privilèges de caste, des rites de purifications, des justifications théologiques, …). L’instauration et le respect des lois sacerdotales semble être la grande bataille dont il est question.
La levée de l' »armée » se fait dans l’ordre (par tribu), mille (chiffre symbolisant une totalité) pour chacune des 12 tribus (représentant l’ensemble du Peuple), sous la direction, non d’un chef militaire, mais d’un grand prêtre, et accompagnée des objets sacrées et des trompettes de procession.
Aucune description de combat (un seul verset: « Ils firent campagne contre Madian, comme Yahvé l’avait commandé à Moïse » v.7) mais seulement le résultat: « Ils tuèrent tous les mâles ». Des traditions diverses et postérieures ont sans doute ajouté les cinq rois et voulu mentionner ici Balaam. La pratique du « herem » (destruction de toute vie et de tous les biens en l’honneur de la divinité, marquant la sacralité de la guerre) a l’air d’être tempérée (dans un premier temps) par la préservation des femmes et des enfants, ce que Moïse reprochera aux chefs. Finalement seules les jeunes filles nubiles seront épargnées pour être attribuées aux combattants.
Curieusement, quoique vainqueurs, ces valeureux combattants sont soumis à un rite de purification, ainsi que tous types de vêtements et d’ustensiles. Les ustensiles en métal feront l’objet d’une purification par le feu et, selon un tradition complémentaire, par l’eau. Ce rite de purification des combattants est très intéressant à noter (même s’il ne s’agit pas d’une purification morale mais purement cultuelle, tenant à l’impureté/sacralité de tout ce qui touche au sang et à la mort selon la tradition sacerdotale).
Le partage du butin fait l’objet d’un inventaire précis (les chiffres cités ont sûrement une symbolique mais n’ont rien à voir avec la réalité d’un butin de campagne entre tribus dans cette région à cette époque) et est l’occasion de mettre au point des règles de partage (qui ont l’air d’être celles théoriquement en vigueur à l’époque royale): la moitié aux combattants, l’autre moitié aux non-combattants. Sur cette dotation, une part est à prélever « pour Yahvé » (attribuée comme il se doit aux deux castes sacerdotales): 1/500° sur la dotation des combattants, 1/50° sur celle des non-combattants. Une autre tradition sans doute fait allusion à une offrande des métaux précieux du butin, par les chefs uniquement, en expiation. Là aussi un chiffre précis (mais tout à fait irréaliste) est donné. D’une manière tout à fait contradictoire, une autre tradition encore, plus archaïque et sans doute plus proche de la réalité habituelle, stipule, en un verset (v. 53), que « les combattants firent chacun leur butin ».

Ce texte nous donne une image assez complète de la « guerre sacrée » (présentée comme « vengeance de Dieu », pratiquant le « herem » ou rétrocédant au moins une partie fixée du butin aux prêtres, se soumettant à des règles de purification, …). Mais à l’époque où l’auteur parle, Israël, englobé dans l’empire perse, ne pouvait plus mener aucune guerre. Il reste un combat bien réel: celui de la caste sacerdotale pour imposer son ordre. Un autre combat, moins corporatiste, visé par le texte est celui de discipliner un peuple, de le séparer des autres peuples et de prévenir tout retour à l’idolâtrie. Une exégèse très allégorique pourra y voir le modèle du combat spirituel.

NOMBRES 32:
EFFORT DE GUERRE IMPOSé A TOUS

« Tes serviteurs passeront tout équipés pour l’armée, devant Yahvé, pour le combat »

Cet épisode, encore une tradition particulière (élohiste celle-ci), rapporte la requête des tribus de Ruben et de Gad. Celles-ci semblent s’être installées en Transjordanie (Jordanie actuelle) parce qu’elles y avaient trouvé de bons pâturages et n’étaient pas intéressés à la conquête de la Terre Promise: « Ne nous fais pas passer le Jourdain » (v. 5). Moïse se met en colère contre cette mauvaise volonté (v.6-15). L’auteur du livret rappelle ici l’épisode de Qadesh (Nbr. 13,25-38). Les représentants des deux tribus proposent alors une transaction (v.16-19): ils s’installeraient bien dans cette région mais les hommes en âge de porter les armes s’associeraient solidairement aux autres tribus pour conquérir la Terre Promise. Moïse accepte la transaction (v.20-24) et la fait avaliser officiellement pour la postérité (devant Eléazar, le prêtre, Josué, le chef militaire, et devant les chefs des tribus) (v.28-32). Le texte rend l’accord également valable pour la demi-tribu de Manassé (v.33).
Le but de cette tradition (ajoutée comme un avenant au texte) est manifestement de garantir comme par un acte notarié versé aux archives publiques le « privilège » (ou, tout simplement, la situation de fait) de l’installation de ces deux (et demi) tribus en dehors de la Terre Promise.
Le fait que la condition expresse soit de participer à l’effort de guerre commun correspond bien à la mentalité guerrière ou au moins au vocabulaire guerrier dans lequel baigne –malheureusement dirions-nous – cette « conquête » de la Terre Promise.
Au passage, l’auteur vise aussi sans doute à rappeler que toute initiative particulière des tribus doit d’abord obtenir l’aval de l’Autorité (incarnée ici par Moïse) afin d’éviter tout effet centrifuge. Préserver l’unité du Peuple en n’excluant pas des situations particulières pourrait être la leçon théologico-politique de ce texte.

NOMBRES 33, 50-56:
ISRAEL APPELé à PRENDRE POSSESSION DE LA TERRE

« Vous chasserez tous les habitants de la Terre devant vous »

Après un récapitulatif des étapes « des Fils d’Israël sortis en corps » (33,1) de la terre d’Egypte vers la Terre Promise à travers le désert (33, 1-49), à la veille de la traversée du Jourdain, Yahvé fait dire à Moïse: « Vous chasserez tous les habitants de la Terre devant vous. Vous détruirez toutes leurs images; et toutes leurs statues de métal, vous détruirez; et tous leurs haut-lieux, vous renverserez. Vous prendrez possession de la Terre et vous y habiterez car je vous donne cette Terre pour la posséder. » (33,52-53). Plus loin, le texte insiste: « Si vous ne chassez pas les habitants du pays devant vous, ceux d’entre eux que vous aurez laissés deviendront des épines dans vos yeux, et des ronces dans vos flancs; ils vous opprimeront sur la terre où vous habiterez; et ce que j’avais résolu de leur faire à eux, je le ferai à vous »(33,55-56).
La prise de possession de la Terre que l’on aurait cru être un « don » ne lésant personne s’avèrerait donc être une conquête s’accompagnant d’une violence et d’une intolérance théologico-raciste. Cette image est à corriger en sachant que ce texte (de tradition sacerdotale) a été écrit plus de huit cents ans après les faits et n’a donc plus rien à voir avec ces faits dans leur modus operandi. L’on sait en effet, par ailleurs, que ces peuples n’ont pas été chassés et qu’en réalité, Israël a vécu au milieu d’eux en relative bonne entente. L’on sait aussi qu’à l’époque de l’écriture de ce texte, Israël était sous domination perse et ne pouvait même pas rêver de conquérir ou reconquérir quoi que ce soit ni de s’imposer d’aucune manière.
L’insistance sur la destruction des idoles correspond tout à fait au souci sacerdotal de ce 4°s. et serait bien la clé de lecture de ce texte. Le combat que mène l’auteur est celui contre l’idolâtrie (manisfestement encore très présente parmi les Fils d’Israël à ette époque pourtant tardive). Il authentifie cette lutte en la replaçant dans le contexte de la fondation même de l’identité juive (l’entrée dans la Terre promise).
Reste le prolème de la « violence » de ce monothéisme. Doit-il vraiment se construire sur le dénigrement des autres cultes, sur leur extirpation, sur le fait de créer des zones théologico-ethniquement purifiées ? Cette tentation n’est pas morte. On la voit toujours à l’oeuvre, et encore toujours avec des arguments religieux.
On sera plus à l’aise avec une lecture purement spirituelle nous recommandant d’extirper de soi tous les défauts du vieil homme dès lors que l’on a accédé à une vie nouvelle.

NOMBRES 35, 9-34:
LES VILLES REFUGES ET LA VENGEANCE DU SANG

« Le meurtrier s’y réfugiera,
celui qui aura frappé un homme par mégarde »

L’institution de villes refuges est du plus haut intérêt du point de vue de l’histoire du droit et nous enseigne aussi quelque chose au sujet de la manière de sortir de la « vengeance du sang », en tout cas pour les meurtres involontaires. Une question est de savoir si ces villes refuges ont été une réalité historique ou n’ont jamais été qu’un idéal juridique. Il semble qu’un tel « privilège » , lié en tout cas aux temples ou endroits sacrés, aie bien existé. Le principe en est attesté dans différentes codes juridiques de l’Orient ancien.
Précisons immédiatement que cette immunité n’était valable que pour les homicides involontaires, par imprudence ou par accident, sans préméditation, avec des objets qui ne se présentaient pas comme des armes par destination, et où tout sentiment d’inimitié était absent. Cela sous-entend que dans un régime autre ou antérieur tout homicide (même involontaire) devait être vengé par l’exécution du meurtrier au nom d’une conception magique et primitive où le sang versé devait être compensé par du sang versé. Désormais, seule l’homicide volontaire devait être puni de la sorte. Mais il devait l’être absolument (une compensation financière n’était pas valable selon ce principe) et il devait l’être par le « vengeur du sang » c’est-à-dire par le plus proche parent de la victime.
Le meurtrier qui s’estimait meurtrier involontaire pouvait donc trouver refuge temporairement auprès d’un temple en attendant un jugement devant la « communauté » (‘edah:. ce terme n’est juridiquement pas précis du tout). Un seul témoin n’était pas suffisant. S’il était jugé non coupable de meurtre volontaire, il pouvait sans doute vivre dans cette ville refuge mais ne pouvait en sortir sous peine de retomber sous le coup de la vengeance du sang. Seule la mort du Grand Prêtre conférait une amnistie et permettait à ce type de meurtrier de retourner dans sa région d’origine. Cette législation était valable pour les Fils d’Israël mais aussi pour l’étranger (de passage) et le résident (immigré et/ou non hébreu).
Le progrès par rapport à la mentalité magique antérieure tient dans le principe suivant lequel un sang innocent ne doit pas être versé par pure compensation d’un sang versé. Autrement dit, la peine ne doit pas être lié à l’objet mais à l’intention.

Violence, guerre et paix dans la Bible – Nombres (encart 1)

VIOLENCES, GUERRE ET PAIX A L’EPOQUE DU DESERT

Les tribus ne formaient évidemment pas une armée homogène. Chaque chef de tribu dirigeait les hommes de sa tribu. Les tribus se fédéraient éventuellement et temporairement pour une cause commune limitée et ponctuelle. Pour le reste, elles menaient leurs affaires comme elles l’entendaient. En dehors du chef de tribu, il n’est pas sûr qu’il y ait eu une quelconque structure autre qu’improvisée au moment même d’un combat.
Tout homme valide était en même temps un combattant mais il n’y avait pas d’armée permanente ni de métier ni de mercenaires. Les combattants hébreux ne connaissaient que le corps à corps. Ils étaient incapables de mener une bataille rangée. Ils devaient procéder par petits groupes d’hommes courageux, mener des attaques hardies, des embuscades, des ruses de guerre. Les combattants ne touchaient pas de solde. Ils se payaient par le pillage du vaincu.
L’armement des tribus hébraïques à cette époque (12°s. avant J-C) était tout à fait rudimentaire. Il se résumait en une épée courte (env. 50 cm) appelée  » hèrèb » et, peut-être, une pique ( » romah ») de la hauteur d’un homme. Ce n’est que plus tardivement (à partir du 10°s.) qu’Israël connaîtra d’autres armes (lance, arc et flèches, fronde, char attelé…) ainsi que des équipements de protection (bouclier, casque, cuirasse). Par contre, à la même époque, Egyptiens, Assyriens et même Philistins étaient déjà beaucoup mieux armés et équipés.
L’approche de la  » Terre Promise » semble avoir été lente, hésitante, pénible, impliquant de nombreux combats menés avec l’énergie de la contrainte et du désespoir. Cette  » guerre de conquête » se poursuivra jusqu’au règne de David (10°s.). Au-delà, Israël ne mènera plus que quelques guerres défensives avant de perdre toute autonomie politique et militaire (dès le 8°s.).
Cette phase de la conquête de la Terre Promise est la seule à avoir été considérée comme une  » guerre sainte », mais pas du tout au sens d’une propagation de la foi par les armes. Au contraire, Israël n’a jamais fait de prosélytisme. Sa religion était même jalousement  » réservée » à un peuple élu. Mais il s’agissait bien de conquérir une terre pour vivre sa foi de manière autonome et pure. En faisant cela, les Hébreux avaient bien la conviction de réaliser une mission voulue par Dieu.
Tout autre chose est la notion de  » guerre sacrée ». Toute guerre dans l’Antiquité, chez tous les peuples, était une  » guerre sacrée ». Au moins y avait – il maîtrise des éléments, au plus l’issue des combats semblait dépendre de la divinité. Les rites sacrés liés aux combats (divination, auspices, vœux, sacrifices, purifications, …) consistaient à s’assurer le concours de celle-ci. A noter que ces rites ont pu avoir des effets retardateurs, souvent profitables à la réflexion et à la remise en question de l’opportunité d’un combat. Le fait, pour un chef de guerre, de ne pas s’attribuer la victoire au combat mais de l’attribuer à la divinité comportait plus d’avantages que d’inconvénients.

Bibliographie

Bibliographie:

– BUIS, P., Les Nombres, Cahiers Evangile 78, Cerf, Paris, s.d.
– LEVINE, B.A., Numbers, The Anchor Bible, Doubleday, N-Y, 1993
– de VAULX, J., Les Nombres, coll. Sources bibliques, Gabalda, Paris, 1972
– de VAUX, R., Histoire ancienne d’Israël : des origines à l’installation en Canaan, coll. Etudes bibliques, Gabalda, Paris, 1971

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