Recension de livre – Grotius et la doctrine de la guerre juste

Recension du livre: Peter HAGGENMACHER, Grotius et la doctrine de la guerre juste, coll. Publications de l’Institut Universitaire de Hautes Etudes Internationales – Genève, PUF, Paris, 1983, 629 p.

 

Selis Claude

Peter HAGGENMACHER, Grotius et la doctrine de la guerre juste, coll. Publications de l’Institut Universitaire de Hautes Etudes Internationales – Genève, PUF, Paris, 1983, 629 p.

Magistral! La thèse centrale de cette étude d’un professeur de droit international à Genève pourrait tenir en peu de mots: Hugo Grotius n’est pas le fondateur du droit international comme nous l’entendons aujourd’hui. Cette réputation lui vient de juristes du 19°s. (Pufendorf et Thomasius) alors que l’oeuvre de Grotius apparaît surtout, selon Haggenmacher, comme une oeuvre de transition, inachevée, restant essentiellement redevable de la scolastique ancienne. L’intention de Grotius était, certes, d’élaborer une théorie complète et rationnelle mais son oeuvre se limite en fait à un traité du droit de la guerre (et non de la paix, comme annoncé dans son titre « Traité de droit de la guerre et de la paix ») et, d’autre part, elle se présente comme une discussion rationnelle des opinions et autorités antérieures (Bible, Droit romain, théologie scolastique) et non comme leur évacuation.
Cependant, la portée de l’ouvrage de Haggenmacher dépasse de très loin son titre. Il s’agit d’une enquête exhaustive et minutieuse de la notion de « guerre juste » et même, plus largement, du droit de la guerre. On y trouvera un exposé complet, de première main, nuancé à l’extrême de tous les auteurs concernés depuis l’Antiquité romaine ainsi que de toutes les notions connexes (la Trêve de Dieu, la Paix de Dieu, la faide, le défi, etc…). Cela nous donne un ouvrage volumineux (629 pages de format 15,5 x 24 cm), agrémenté de 3.518 notes de bas de pages et de multiples citations en latin, en allemand, en anglais et même en néerlandais (que l’auteur ne fait pas l’injure de traduire à ses lecteurs cultivés), extrêmement ardu à lire bien qu’il soit écrit dans une langue parfaite d’un bout à l’autre. Un index des noms propres permet de les retrouver aisément; une table des matières détaillée permet de suivre les étapes et de retrouver les notions abordées. La bibliographie est extêmement limitée. Notons que le texte même du Traité « du Droit de la guerre et de la paix » (1625) n’a plus connu d’édition en français depuis 1724. Autant dire qu’il est devenu absolument introuvable. Par contre, une édition en néerlandais est parue en 1991 aux éditions Ambo (Hugo de Groot, Denken over oorlog en vrede).

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