Mon travail de collaborateur à l’aumônerie

Laurent Segers est professeur de religion et collaborateur pastoral à Saffraanberg. Il nous partage dans cet article son expérience de travail, son expérience de vie.

 

Segers Laurent

107/2007

 » Rien ne sert d’aider l’homme de l’extérieur et par contrainte, même si sa vision des choses est objectivement fausse, mais il faut plutôt agir comme le Christ l’a fait, répéter le même geste d’amitié et d’accueil à son égard, pour que son angoisse le quitte définitivement et qu’il puisse enfin voir! ». (Drewerman)

Voici en résumé, les gestes que les aumôniers et leurs collaborateurs posent quotidiennement dans le cadre de l’aumônerie militaire. En ce qui me concerne, c’est à Saffraanberg que cette noble mission a débuté en 1998 suite à un entretien téléphonique avec l’aumônier Sélis. Ma première réaction me fit penser à celle qu’eut Guy Gilbert :  » qu’est-ce que je fais dans un milieu pareil ? ». En effet, après avoir enseigné durant des années dans des écoles dites à  » discrimination positive » où les violences verbales et physiques étaient fréquentes, je me retrouvais, tout à coup, dans un univers diamétralement opposé. Mais cette distinction faite, une autre surprise m’attendait encore lorsque j’ai appris que mon horaire se répartissait entre l’enseignement de la religion d’une part et des permanences à l’aumônerie d’autre part. Pour la première fois, certainement, ma formation au séminaire comme animateur liturgique de groupe allait trouver sa raison d’être. Le jeudi soir, s’est rapidement imposé comme le moment de rencontre privilégié pour les francophones (le mardi étant celui de l’autre communauté linguistique). C’est ainsi que, depuis neuf ans maintenant, tous les jeudis durant l’année scolaire, j’ai le plaisir de me mettre au service de tous ceux qui franchissent la porte de ces lieux.

Mais qu’est-ce qui les poussent à venir ? Apporter une réponse collective serait une erreur et trahirait certainement les raisons profondes de leur démarche personnelle. Il est clair que certains viennent, surtout les très jeunes (5ème année), parce que leur manque de maturité représente une faiblesse parfois exploitée dans cet univers essentiellement adulte. Notre travail consiste alors à les écouter, les réconforter et accomplir de temps à autre des démarches auprès du Commandant de Compagnie qui est toujours attentif à nos remarques. D’autres encore, viennent simplement parce qu’ils ont envie de  » breaker » dans leur étude. En effet, le vendredi c’est le cours d’ électronique. Une tasse de café, un bon fauteuil et quelques paroles rassurantes ont des effets miraculeux du moins jusqu’à l’interrogation!. Par contre, d’autres encore sont là pour  » vider leur sac », car ce qu’ils vivent tant sur le plan familial que social leur semble si insupportable. Le simple fait de pouvoir en parler avec quelqu’un qui les écoute sans les juger constitue déjà un réconfort et parfois même l’ébauche d’une solution à moyen terme. Il est inutile de dire à quel point, pour ces derniers,  » leur jeudi soir » comme ils l’appellent, tient une place importante dans leur semaine. Nous avons alors l’impression, durant ces moments de rencontre, que nous changeons de rôle continuellement : confident, ami, père,… bref vous imaginez sans peine tout ce qui se profile derrière ces mots ! Curieusement aussi, derrière une apparence parfois rude, se cachent aussi des êtres fragiles en recherche de sens dans leur vie et de réponses sur leur foi. Il n’est donc pas rare, qu’en une soirée, nous revisitions ainsi successivement les thématiques de la mort et de l’après-vie, la période trouble des Templiers, les miracles et les apparitions,…

Enfin, une fois l’an, une soirée est consacrée au PMI (pèlerinage militaire international). A cette occasion, habituellement proposée dans le courant du mois de mars, tous les élèves du cours de religion sont invités à venir assister au briefing sur le déroulement du pèlerinage à Lourdes.

Au terme de ces quelques lignes, j’espère que chacun comprendra mieux les instants chaleureux que je peux vivre, en tant que collaborateur de l’aumônerie, simplement en me mettant au service des autres, du Tout Autre.

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